Lagos de notre correspondante
A la tête de l'Agence fédérale nigériane de lutte contre la contrefaçon et pour la protection de l'hygiène (Nafdac) depuis 2001, Dora Akunyili affirme aujourd'hui que le taux de faux médicaments au Nigeria a baissé de 80 %. Selon sa biographie officielle, cette réussite a été récompensée par plus de 200 prix, au Nigeria et à l'étranger. Elle a aussi failli lui coûter la vie, et cette fonctionnaire ne compte plus les menaces de mort. Il faut dire que son action menace de gros intérêts : selon les estimations, le trafic de faux médicaments, via Dubaï et le Bénin, rapporte entre 30 et 40 milliards d'euros par an. «L'essentiel des contrefaçons vient d'Asie, dont 98 % de Chine ou d'Inde», explique la «madame Propre» du médicament nigérian.
«Je suis démarché en permanence», râle un médecin nigérian en montrant un produit chinois qui ne porte pas de numéro d'enregistrement. Sa messagerie électronique est saturée de courriers proposant, entre autres, du Viagra à bas prix. «Avant d'octroyer une licence à un revendeur, la Nafdac vérifie le contenu du stock. Mais quid des stocks qui seront ensuite importés avec cette licence ?» s'interroge un autre praticien. «Les malades qui meurent de malaria à cause de mauvais médicaments sont sûrement des milliers, les vaccins contre la rougeole expirés tuent à tire-larigot, mais il n'y a pas de statistiques fiables», ajoute-t-il. La plupart des contrefaçons analysées au Nigeria ne contiennent