Menu
Libération
Interview

«Un déficit de popularité chez les étudiants»

Article réservé aux abonnés
publié le 4 septembre 2006 à 23h10

Anne Muxel, chercheuse au Centre d'études de la vie politique française, a réalisé une vaste enquête auprès des 18-30 ans un an avant l'élection présidentielle (1). Elle décrypte ces jeunesses divisées dont l'une, scolarisée ou diplômée, est fortement hostile à Nicolas Sarkozy quand l'autre, plus populaire, est parfois séduite.

Pourquoi Nicolas Sarkozy est-il peu apprécié par les jeunes ?

Il faut nuancer l'ampleur du déficit dont souffre Nicolas Sarkozy dans cette catégorie. Certes, dans notre enquête du baromètre politique français, 42 % des moins de 30 ans le jugent «sympathique» contre 63 % pour l'ensemble des Français. Mais avec ce score il reste parmi les candidats qui enregistrent le taux de sympathie le plus fort. On ne peut donc pas dire qu'il est rejeté ou marginalisé par l'ensemble de la jeunesse. En fait, il n'existe pas une, mais des jeunesses. Son déficit de popularité concerne surtout la jeunesse étudiante, scolarisée, qui a une sensibilité plus à gauche que la moyenne des Français et qui, dans notre étude, penche pour Ségolène Royal ou Lionel Jospin. A l'inverse, ceux qui sont sortis du système scolaire, qui sont déjà au travail ou en recherchent d'emploi, bref les jeunes peu diplômés, apprécient davantage Sarkozy. Il peut séduire ces jeunes qui se sentent déconsidérés, qui vivent un malaise identitaire et sont en manque de repères. Toutefois, il n'y a pas d'homogénéité de ces jeunes issus des catégories populaires. Il existe un fossé en leur sein, accru