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Libération
Éditorial

Gâchis

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publié le 7 septembre 2006 à 23h12

Pauvre Parlement français, qu'on lui fait passer de mauvais quarts d'heure ! D'abord le gouvernement le tire de ses vacances pour le faire plancher à l'aveuglette. Ensuite, l'opposition se lance dans une entreprise d'obstruction à grand spectacle. De surcroît, son président se prête à des mises en scène publicitaires de bas étage dans l'hémicycle. L'avenir de l'industrie gazière soulève des geysers de passions. Celui de l'institution législative inquiète apparemment moins.

Le projet de fusion GDF-Suez est si mal fagoté, et si peu justifié sur le fond, que les parlementaires de l'UMP, gent pourtant docile, menaçaient de refuser leur aval. Villepin a acheté la paix en s'effaçant devant Sarkozy, qui a renié sa parole et rempoché son veto. La majorité a changé d'avis non parce qu'on a tenu compte de ses critiques mais pour des raisons politiciennes étrangères au dossier. Le pire, c'est qu'elle devra voter en ignorant une bonne partie des tenants et aboutissants de ses choix : le gouvernement ne veut pas attendre des décisions européennes à propos de cette fusion parce qu'il souhaite se débarrasser de ce débat avant que ne commence la campagne présidentielle. Villepin se rengorge, Sarkozy déblaie son chemin, le Parlement trinque.

L'opposition se voit gratifier en retour d'un cadeau inespéré : un sujet en or pour refaire l'union de la gauche ! Dommage qu'elle en profite pour surjouer la mobilisation en utilisant des gadgets de procédures comme les pseudo-amendements en rafales. Les