Forcing contre coup de force. L'Assemblée nationale, qui se penche à compter d'aujourd'hui et jusqu'au 22 septembre sur le projet de loi sur l'énergie prévoyant la privatisation de Gaz de France, est, à huit mois de l'élection présidentielle, le théâtre d'une bataille homérique entre la majorité UMP et les autres groupes parlementaires. Les députés PS et PCF, qui, en juin, promettaient déjà «une lutte acharnée» contre le texte, ont tenu parole au-delà de l'imaginable. François Hollande défendra en personne la procédure d'irrecevabilité déposée par son groupe. Les autres «présidentiables» PS ont tous été invités à participer à la discussion générale. Surtout, pour contrebalancer leur faible nombre dans l'hémicycle, les députés d'opposition ont usé du seul vrai droit que leur garantit la Constitution : ils ont déposé plus de 137 000 amendements (43 000 pour le PS et 94 000 pour le groupe communistes et républicains). Du jamais-vu sous la Ve République. Tenant du précédent record, le projet de loi sur la régulation des activités postales n'avait suscité «que» 14 888 amendements...
Ce «mur d'amendements» relève néanmoins du trompe-l'oeil, car l'opposition a usé de briques parfois grossières pour faire du chiffre. Exemple avec l'article 14, alourdi de quelque 1 400 amendements PCF quasi identiques dont l'unique objet est de modifier la date d'entrée en vigueur de plusieurs dispositions de la loi : au 1er juillet 2007, le premier amendement substitue le 1er août, le suivant