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Libération

Bruxelles regrette déjà l'euro-enthousiasme britannique

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Le départ annoncé de Blair, Premier ministre le plus europhile depuis trente ans, ouvre la voie à l'euroscepticisme de Gordon Brown.
publié le 8 septembre 2006 à 23h13

Bruxelles (UE) de notre correspondant

Le probable emménagement, à la mi-2007, de Gordon Brown au 10 Downing Street, n'enchante personne à Bruxelles : «C'est un eurosceptique assumé qui va succéder à Tony Blair au pire moment, celui où l'on doit reparler de la Constitution au lendemain des élections françaises», soupire ce fonctionnaire européen. Le départ à la retraite de Blair risque donc de signer la seconde mort de ce texte, Brown n'ayant jamais caché son opposition à cette lubie par trop fédéraliste défendue par son patron. Chacun a donc conscience que l'Union va perdre le Premier ministre le plus «europhile» que le Royaume-Uni ait eu depuis une trentaine d'années, même s'il a échoué à placer son pays au «coeur de l'Europe» et à réconcilier son opinion publique avec la construction communautaire, comme il l'avait promis en 1997, lors de son accession au pouvoir.

Allergique. «le Royaume-Uni n'est pas moins eurosceptique qu'il y a dix ans», regrette ce diplomate français. Ainsi, Blair a renoncé, en échange du soutien politique du groupe de presse violemment europhobe de Rupert Murdoch, à mener la bataille du référendum sur l'euro qu'il avait promise. Il s'est alors tourné vers la défense, terrain laissé en jachère depuis trente ans : en 1998, il a réussi à imposer à son establishment politico-militaire, traditionnellement aligné sur Washington et donc réticent à toute tentative d'émancipation des Européens, la création d'un embryon de défense commune. E