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Libération
Interview

«Un impact limité sur la gauche européenne»

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publié le 8 septembre 2006 à 23h13

Professeur à l'Université libre de Bruxelles, Pascal Delwit a dirigé l'ouvrage Où va la social-démocratie européenne ? (1).Il décrypte l'influence du blairisme sur la gauche européenne.

En quoi le blairisme a-t-il marqué une rupture dans l'histoire de la social-démocratie européenne ?

C'est d'abord un phénomène très marqué par le Royaume-Uni. Le Labour n'a jamais eu de racines socialistes et marxistes fortes et la «Troisième Voie» est un concept très lié à l'influence du christianisme social. Le blairisme est plutôt une évolution par rapport au travaillisme britannique, lui-même en rupture avec la social-démocratie du Continent. Cela dit, le blairisme a introduit des éléments très novateurs pour la gauche européenne : d'une part l'approche «law and order» [«la loi et l'ordre», ndlr], d'autre part le passage d'une logique d'assurance collective, mise en place après 1945, à une logique d'assistance individuelle, où les allocations sont liées à la responsabilisation du bénéficiaire, en matière de soins de santé, d'indemnisation du chômage, de pension retraite.

L'offensive idéologique de Blair pour séduire les autres partis sociaux-démocrates a-t-elle été efficace ?

Blair a eu une influence singulièrement forte sur les nouveaux partis sociaux-démocrates, d'Europe centrale et orientale, en mal de repères. Blair leur a inculqué une vision modernisatrice et libérale de la société, il les a convertis à sa logique d'assistance individuelle, et il a renforcé leur penchant at