Si «Teflon Tony», l'inusable leader britannique capable de remporter trois mandats de suite, brille encore de tous ses feux sur le continent, outre-Manche, l'ère Blair touche clairement à sa fin. A l'heure des bilans, le plus jeune Premier ministre britannique jamais élu depuis 1812 reste l'une des plus curieuses créatures de la scène politique européenne. «Sa rareté, c'est de tenir un discours de droite tout en menant une politique de gauche. Le contraire de ce qu'on voit en France ! Tout en s'intégrant dans l'idéologie dominante laissée par Margaret Thatcher et John Major, Blair a réalisé de réels progrès sur le front de la réduction des inégalités et du chômage», résume Stefan Collignon, professeur à la London School of Economics. Comment se porte le Royaume-Uni au sortir de presque dix ans de néotravaillisme ?
Enviable. «Trop forts, les Anglais !» titrait l'an dernier l'hebdomadaire Courrier international. De fait, le bilan économique est enviable : un chômage tombé à moins de 5 %, au plus bas depuis un quart de siècle, la plus longue phase de prospérité depuis trois siècles, et l'inflation la plus faible depuis les années 60. A son actif d'homme de gauche, Blair compte deux faits majeurs : la création d'un salaire minimum et un plan de lutte contre la pauvreté, qui a surtout porté ses fruits chez les jeunes, avec environ un million d'enfants (sur un total de 4 millions) tirés de la misère. Les couches sociales les plus basses sont celles dont le re