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Libération
Éditorial

Règles du jeu

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publié le 19 septembre 2006 à 23h21

Pour ou contre l'adoption dans les pays en développement ? Il serait absurde de poser la question en ces termes, malgré les scandales qui ont pu exister ici ou là, avec le risque de discréditer une démarche d'abord fondée sur la générosité. Quiconque a croisé, dans les grandes villes de Chine, principale source d'enfants à adopter, l'un des nombreux groupes de parents occidentaux avec dans les bras leur tout nouveau bébé chinois, est pris entre deux sentiments : un malaise face au côté «supermarché» d'une démarche collective, et l'admiration face au double bonheur, celui de parents comblés, et celui d'une enfant soustraite au sort peu enviable d'une fille abandonnée. S'il y a une demande dans le monde développé, il y a une offre dans les pays qui le sont moins, pour des bonnes et des mauvaises raisons. Cela peut être la misère, ou, dans le cas de la Chine, pour se conformer aux rigueurs de la politique de l'enfant unique. Mais cela peut aussi être la tentation d'un odieux commerce. Toute la difficulté est d'éviter de transformer ce geste d'amour en un nouvel échange inégal Nord-Sud. L'encadrement légal mis en place ces dernières années a déjà beaucoup fait pour introduire des règles du jeu précises, notamment l'absence de paiement à la famille biologique de l'enfant. La création de l'Agence française de l'adoption participe de cet effort de rendre à la fois plus efficace et plus transparent un processus qui peut aussi se révéler frustrant et destructeur. Son succès prouve qu