A force d'être à l'Ouest, Nicolas Sarkozy a-t-il fini par aller trop loin ? La frénésie atlantiste dont le patron de l'UMP a fait preuve la semaine dernière, à New York puis à Washington, sème le trouble jusque dans la majorité. Dans une allusion au discours de Villepin en février 2003 à l'ONU, il avait moqué, devant la Fondation franco-américaine, la «grandiloquence stérile» de la France et jugé «pas convenable de chercher à mettre ses alliés dans l'embarras ou de donner l'impression de se réjouir de leurs difficultés». Ravi d'avoir obtenu une entrevue avec Bush, le ministre de l'Intérieur s'était même promis de «rebâtir la relation transatlantique» une fois à l'Elysée.
En privé, comme l'a révélé Libération hier, Jacques Chirac a jugé cette position «irresponsable» et «lamentable». Sur Europe 1, le chef de l'Etat s'est contenté hier matin de répéter qu'il n'avait pas «commis d'erreur» lors de la crise irakienne et a réfuté toute forme de «relations de soumission» avec Bush. Façon d'appuyer là où ça fait mal à Sarkozy... Car l'Elysée est persuadé que la complicité qu'il a affichée avec George Bush ne plaît guère à l'opinion publique française.
L'image ne fait pas non plus un tabac dans les rangs de l'UMP. Cité hier par l'AFP, un ministre chiraquien invite Sarkozy, sous couvert d'anonymat, à «tourner deux fois sa langue dans sa bouche avant de parler» et «à maîtriser son verbe». Le député souverainiste UMP de