Cela fait deux ansque Sylvie attend un enfant brésilien. Elle ne connaît pas encore son visage, ni son nom. Elle a déjà préparé sa chambre. Elle attend peut-être en vain. En 2001, Sylvie Dubois a presque 40 ans, pas de relation amoureuse et envie d'un enfant. Elle s'est «toujours imaginée avec un enfant». Mais elle se refuse à «faire un bébé dans le dos d'un mec». Longtemps, elle a pensé «qu'on ne pouvait pas adopter en tant que célibataire». Elle en discute avec des amis. Prend un an de réflexion. «Je me suis demandé si je cherchais une compensation à un manque affectif, ou s'il s'agissait d'un vrai projet de bonheur et de famille.» Puis se décide à entamer les démarches.
Après avoir longtemps bossé soixante heures par semaine, cette cadre commerciale, au chômage depuis quelques mois, se dit aujourd'hui que, «malgré la satisfaction que le travail apporte», elle passe «à côté de quelque chose». Sylvie est du genre hyperactive. Elle fait beaucoup de sport : du tennis, du golf quand elle habitait dans le Sud, de la voile depuis qu'elle vit en Bretagne. Au point que l'assistante sociale chargée de l'enquête par le conseil général lui a demandé si elle pourrait caser la présence d'un enfant dans son emploi du temps ! Elle obtient l'agrément au bout de neuf mois. Le temps d'une gestation. «Mais, quand on adopte, l'enfant, on le porte très longtemps. C'est le nôtre avant de le connaître.»
Sylvie n'a pas cherché à se porter candidate a