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Logement. Un studio pour quinze

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Le parc résidentiel du Crous n'a pas suivi la démocratisation de l'enseignement supérieur.
publié le 27 septembre 2006 à 23h27

C'est l'histoire d'un déphasage énorme entre une démographie étudiante galopante et une construction au ralenti de résidences universitaires. Elle a abouti au bout de trois décennies à une crise du logement qui frappe en premier lieu les étudiants le plus modestes, contraints de se replier sur le marché locatif privé, faute d'une offre suffisante dans les cités universitaires aux loyers abordables (1).

En 2005, les Crous (2) disposaient d'un parc de 150 000 logements pour près de 2,3 millions d'étudiants. Le bâti universitaire public ne peut loger qu'un étudiant sur quinze. Les boursiers (au nombre de 500 000) sont certes prioritaires, mais là encore la distorsion est forte entre le potentiel d'accueil des résidences des Crous et le nombre de demandeurs. En regardant en arrière, on prend la mesure des défaillances des politiques publiques en matière de logement étudiant au cours des trente dernières années. En 1970, la France comptait 850 000 étudiants et 92 500 places dans les cités universitaires. A l'époque, les Crous logeaient un étudiant sur neuf, deux fois plus qu'aujourd'hui, grâce à une politique de construction très active marquée par la création de 80 500 logements dans les années 60-70. Ensuite, c'est le trou d'air. Pendant vingt ans, l'enseignement supérieur se démocratise, le nombre d'étudiants double (passant à 1,7 million), mais les Crous n'ont à offrir que 27 000 chambres de plus pour les héberger. Marquée par plusieurs alternances politiques, la décennie 1980