«Demain, grâce à vous, la guillotine n’aura plus sa place qu’au musée. Au nom de notre justice dont à cet instant, plus qu’à aucun autre dans ma vie, j’ai conscience d’assumer le ministère, législateur français, de toutes mes forces, d’avance, je vous remercie.» C’était il y a vingt-cinq ans, à l’Assemblée nationale. Robert Badinter, ministre de la Justice de Mitterrand, arrivait au terme d’un combat personnel pour l’abolition de la peine de mort.
C'était aussi l'aboutissement de deux siècles de tentatives abolitionnistes racontées par deux historiens dans une formidable exposition virtuelle, en ligne (1) pour la date anniversaire de la publication de la loi au Journal officiel. Car ce châtiment contesté au XVIIIe par les philosophes et écrivains des Lumières fait débat à la Constituante dès 1791.
«Alors que dans aucun autre pays cette peine n'aura été autant discutée, que nulle part il n'y eut autant de plaidoyers en faveur de l'abolition, pourquoi a-t-il fallu plus de deux siècles pour obtenir son retrait du code pénal ?» s'interroge Jean-Claude Farcy, cheville ouvrière de l'exposition. La France a été l'un des derniers pays européens à renoncer à la peine capitale, bien après la Belgique (1863), la Suisse (1874) et l'Italie (1889) .
L'exposition s'ouvre par l'exécution de Damiens (1757), l'un des plus célèbres suppliciés de l'Ancien Régime. A l'époque, la liste des crimes capitaux s'élève à 115, mais ce sont les atteintes au roi ou à la religion qui sont