C'était il y a un siècle : fin 1999. Un homme disait : «Le développement n'est pas simplement une question d'ajustement. De budget et de saine gestion financière. De remèdes de technocrates. Combien de fois avons-nous poursuivi un objectif purement économique, sans nous arrêter sur les aspects sociaux, politiques, environnementaux et culturels ?» Cet homme, c'était James Wolfensohn. Ex-président de la BM, la Banque mondiale (1).
Voilà plus d'une décennie, depuis l'apparition des premières manifs antidette, que la Banque mondiale voit monter la révolte. Elle répond dialogue. Changement. Evolution. Recentrage. En 2000 déjà, elle mettait en musique «60 000 paroles de pauvres dans 60 pays». Le langage a encore évolué. Les DSRP (documents stratégiques de réduction de la pauvreté) ont remplacé les PAS (programmes d'ajustement structurel). Le développement ? «Humain.» La croissance ? «Partagée.» Les résultats ? «Mesurables.»
Derrière le lifting des mots, les maux persistent. Tous les actes de contrition sur les désormais nécessaires «filets de protection» (comprenez santé, éducation), les mea culpa sur l'horizon jugé indépassable du «consensus de Washington» (comprenez libéralisation, privatisation), ou l'écoute des «organisations de sociétés civiles» (comprenez 120 officiers de liaison avec les ONG) n'y changent pas grand-chose. La défiance alimente une crise de légitimité, qui alimente la défiance, qui alimente le d