Il y a quarante-quatre ans, l'agronome au col roulé rouge, René Dumont, lançait son cri d'alarme : «L'Afrique noire est mal partie.» Bien vu, à l'aube des indépendances africaines bâties sur un modèle néocolonial destiné à perpétuer sous une autre forme un système inégal. Ça ne s'est pas arrangé depuis, notamment avec l'entrée en scène des institutions qui avaient justement reçu pour mission d'aider le monde en développement à s'en sortir : la Banque mondiale et le FMI. Après quatre décennies de mal-développement, les pays d'Afrique subsaharienne ont au moins compris une chose : leur salut ne viendra ni des anciennes puissances coloniales ni des organisations internationales. Les premières n'ont pas su ni voulu réviser profondément leur mode de relation avec leurs anciennes colonies, les alternances politiques en France ayant, de ce point de vue, déçu toutes les attentes. Quant aux secondes, mises en procès dans le film décapant d'Abderrahmane Sissako, elles ont certes modéré leur discours et atténué les aspects les plus violents de leur approche, elles restent dans le cadre d'une mondialisation qui, vue d'Afrique, demeure impitoyable et contribue à sa marginalisation. Reste le «front» intérieur : le continent noir a également été trahi par ses «clercs» et ses élites, qui, impuissantes à réformer une réalité ingrate, n'ont pas manqué d'imagination pour leur propre enrichissement. C'est pourtant d'Afrique même que doit sortir l'impulsion pour sortir du cercle vicieux d
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