Menu
Libération

Mondialisation: une revanche à «Bamako»

Article réservé aux abonnés
publié le 17 octobre 2006 à 23h43

Le dispositif est frontal et s'impose d'emblée : dans la cour d'une maison de Bamako est installé un tribunal. Le procès est en cours, celui de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Il s'incarne en un cérémonial immuable : un juge, entouré d'assistants et de greffiers, donne la parole aux plaignants de la partie civile et à ses avocats, aux avocats des institutions internationales accusées, tandis que le tout est sécurisé par la police. A la barre se succèdent les témoins, des plus éloquents aux plus humbles, qui ont eu à subir les «ajustements structurels» imposés par la Banque mondiale.

Avant de passer derrière la caméra d'un réalisateur africain, le procès de la mondialisation a commencé dans des petits cercles intellos. Puis dans la rue, dans des forums locaux. A l'écran (Djourou, une corde à ton cou, d'Olivier Zuchuat, sur la dette au Mali).

Choeur. «Ainsi donc l'Afrique doit du fric !/Les complots du FMI et les blagues de la Banque mondiale/Des milliards d'euros, volés par des bandes d'escrocs.» De Bamako à Cotonou, en passant par Dakar, les paroles-manifeste de Tiken Jah Fakoly ont été reprises en choeur par des milliers de personnes. Le chanteur de reggae ivoirien est devenu le porte-étendard d'une nouvelle génération d'artistes africains engagés. Dans les années 80 et 90, les Fela et autres Alpha Blondy dénonçaient les dictateurs et réclamaient multipartisme et liberté d'expression. Leurs héritiers fustigent un commerce injuste e