Dix ans de séduction patiente pour en arriver là. Dix ans à prendre le dragon chinois dans le sens du poil, à faire l'équivalent moderne de ce que l'on appelait à l'époque impériale le kowtow, c'est-à-dire la courbette devant les maîtres de la nouvelle Chine, pour un résultat bien mince. Jacques Chirac effectue le quatrième et dernier voyage officiel en Chine de son double mandat, accompagné de son habituelle cohorte de PDG, sans que le «partenariat stratégique» franco-chinois qu'il promeut depuis sa signature en 1997 ait fait la preuve de sa validité.
«Raison». Le Président n'a pourtant pas lésiné sur la forme comme sur le fond. Sur la forme, on retiendra bien sûr les quelques pas de valse de Bernadette Chirac avec l'ancien président chinois Jiang Zemin, en 1999, lors d'un déplacement très «familial» en Corrèze, l'équivalent français d'un voyage au Texas auprès des Bush. Le dissident Harry Wu, un survivant du laogai (le goulag chinois), en avait tiré le titre d'un livre Danse pas avec la Chine (Indigène, 2000).
Mais c'est sur le fond que Jacques Chirac se distingue. Plus tôt que d'autres, sans doute inspiré par l'héritage gaulliste d'une reconnaissance précoce de la Chine communiste dictée par «la raison et l'évidence», le chef de l'Etat a cultivé des rapports avec la puissance émergente chinoise, dont on voit bien aujourd'hui qu'elle est en passe de devenir un acteur global majeur. Mais, dans son désir légitime de créer un climat de confianc