Un voyage en grande pompe dans l'empire du Milieu, c'est l'une des dernières gourmandises que le pouvoir offre à savourer à un président finissant. Chirac a d'ailleurs avec la culture chinoise une longue affinité, et il s'est efforcé d'avoir une politique chinoise originale. Mais, là comme dans beaucoup d'autres domaines, il a peu de choses à montrer en guise de bilan.
Bien qu'il soit accompagné d'une ribambelle de patrons français, Chirac a démenti prudemment que son déplacement soit destiné à récolter des «grands contrats». Au temps de sa jeunesse pompidolienne, ceux-ci étaient aux hommes d'Etat en visite à l'étranger comme la peau d'antilope aux clients du Club Med : un certificat de bonne conduite. Mais le monde a tourné, il s'est mondialisé comme on dit, et les «grands contrats» sont devenus obsolètes. Dans l'univers du libre-échange généralisé, le commerce international n'est plus principalement la continuation de la politique. Des régimes peu démocratiques comme la Russie ou la Chine ne se privent certes pas d'y intervenir. Mais c'est plus souvent pour sanctionner et mettre un veto que pour distribuer des commandes.
En outre, dans ce monde changé, la France pèse économiquement beaucoup moins. Et quel contraste entre les deux pays ! La part de la France dans la production mondiale de richesses s'effrite lentement, celle de la Chine explose. Chirac vient d'essuyer la mauvaise humeur de Poutine ressuscité en nouveau riche. En prenant son bâton de pèlerin du monde or