C'était la top priorité de la diplomatie chiraquienne en Chine depuis deux ans : arracher le mégacontrat des quatre centrales nucléaires de troisième génération. Mais personne ne met beaucoup d'espoir dans ce voyage de la dernière chance. «Les jeux sont faits. On n'a pas réussi à rattraper notre retard vis-à-vis des Américains», estime un proche du dossier. Chez Areva, même scepticisme : «On n'espère plus grand-chose», dit-on dans l'entourage d'Anne Lauvergeon, patronne du groupe français.
Ni Areva ou EDF ne peuvent décemment reprocher au président de la République d'avoir pris l'affaire à la légère. «Jacques Chirac s'est vraiment investi dans le dossier», reconnaissent les industriels français. Et cela n'a pas suffi. Sauf imprévu, il va falloir faire une croix sur les huit milliards d'euros du contrat, et surtout sur la perspective de voir la France devenir l'unique partenaire de la Chine en matière de technologie nucléaire civile. Pour expliquer ce très probable revers, le camp français refuse de remettre en question la supériorité de sa centrale de troisième génération, l'EPR, et préfère avancer deux raisons. D'abord, l'américain Westinghouse (racheté par le japonais Toshiba au début de l'année) n'aurait pas, contrairement à Areva, hésité à transférer aux Chinois la totalité de la technologie de son projet AP1000. Ensuite, l'abyssal déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine a placé Washington dans une situation idéale pour mettre la press