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Psychiatre, maire, PDG, demandeurs d'emploi, CRS et éducatrice témoignent.
publié le 27 octobre 2006 à 23h51

Patrick Chalteil
médecin psychiatre en Seine-Saint-Denis
«Rien n'a été fait contre le problème de fond»

«Notre unité se trouve à Bondy Nord. On y reçoit pour moitié des gens en détresse psychosociale, pour une autre de vrais malades. Pendant les émeutes, les gens étaient anxieux, le sentiment d'être «hors protection». Depuis un an, aucune mesure ne s'attaque au problème de fond. Nos interlocuteurs sont toujours en souffrance physique. On nous retire des moyens au titre des économies de l'assurance maladie. Dans notre service, il nous manque dix postes d'infirmiers. L'équipe d'accueil, qui assurait le 24 heures sur 24, ne peut plus assurer les nuits. Notre file active [nombre de personnes vues au moins une fois en un an, ndlr] a augmenté de 64 % en dix ans.

«Il y a chez nos patients un sentiment d'abandon et, à terme, de renoncement à soi-même. Cela se traduit par des situations de violence. Les gens exercent une violence contre eux-mêmes. Nous avons aussi affaire à une population particulière, qui est victime de troubles de la personnalité, mal structurée, avec parfois un comportement addictif. Ces troubles peuvent se manifester à l'occasion d'un simple regard, interprété comme une intention agressive. Pour des gens de 18-30 ans, il y a des carences dans le dispositif d'accueil. Ils passent alternativement en prison, en psychiatrie, et, dehors, ils sont mal pris en charge.

«Tout le monde est convaincu que les émeutes vont recommencer, surtout les patien