Une ex-détenue de Fleury-Mérogis, aujourd'hui âgée de 50 ans, témoignait en juin, à Paris, des conditions de son incarcération. «En maison d'arrêt, j'étais DPS (détenue particulièrement surveillée) et donc seule en cellule. Il doit être très difficile d'être à deux dans un espace aussi minuscule, mais être seule tant d'heures par jour, enfermée vingt et une heures sur vingt-quatre, est aussi à la limite du supportable. Je pense que les gens ont du mal à se l'imaginer. A 16 h 30, la porte se ferme, elle se rouvre à 17 h 45 pour qu'on te donne le dîner, et ensuite, c'est fini jusqu'à 7 heures le lendemain. C'est de la folie. Après cela, quand on va à l'atelier, en promenade ou au parloir, et qu'on retrouve enfin les copines, on a vraiment besoin de parler ; mais si les surveillantes interdisent de bouger avant un silence complet, il faut s'y plier. Après tant d'heures enfermées !
«On ne s'en rend pas compte de l'extérieur, mais la cellule, à l'arrivée, est vide, grise, sans vie. Au fil des jours, on tend des tissus, on accroche des cartes postales, on construit son monde propre. Mais il est impossible de partager cet espace, ce "chez soi" avec quiconque, puisque personne ne peut y entrer. Aucune copine, aucune codétenue. Ça a l'air bête, mais jour après jour, c'est énorme. Une fois, j'ai fait un croquis de ma cellule pour l'envoyer à ma fille. Il a été saisi. Les gradées m'ont dit que c'était interdit, que je risquais gros. J'ai été changée de cellule. Même avec ma fille, je ne