Ceux qui attendaient sa venue pour la remise du Goncourt en ont été pour leurs frais : Jonathan Littell, fidèle à la discrétion qu'il observe depuis la sortie des Bienveillantes, est resté à Barcelone, où il s'est récemment établi, laissant à Antoine Gallimard, son éditeur, le soin de recueillir les lauriers pour lui.
Le premier auteur américain à remporter le Goncourt entrera donc également dans l'histoire du prix comme le plus arlésien des lauréats. Une demi-douzaine d'émissions radio, deux ou trois interviews dans la presse, essentiellement concentrées sur la fin septembre (le reste par mail), cinq présentations en librairie, aucune prestation télévisuelle... Les Bienveillantes, événement littéraire de la rentrée 2006, s'inscrit à l'exact rebours du battage médiatique de laPossibilité d'une île de Michel Houellebecq, qui avait défrayé la chronique de 2005 pour ne ramasser qu'un prix Interallié de consolation. Jonathan Littell a principalement construit son succès, foudroyant, dans les librairies.
Pseudo. A 39 ans, le fils bilingue de Robert Littell, romancier américain célèbre, n'a pas non plus abusé de la notoriété de son père (dont Gallimard a, via sa filiale Denoël, édité cinq titres). Il a, à l'anglo-saxonne, abandonné le soin de démarcher les éditeurs parisiens à un agent, en l'occurrence l'un de ceux de son père, le Britannique Andrew Nurnberg, francophone et russophone comme lui. Mais en prenant le soin de dissimuler sa filiation sous une