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«La culture du sang et du martyre a remplacé nos rêves»

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Artistes, journalistes, architectes... De plus en plus nombreux, les cadres palestiniens choisissent de s'installer à l'étranger.
publié le 20 novembre 2006 à 0h09

Gaza envoyé spécial

Bourrés jusqu'au plafond, les entrepôts de Mahmoud Chourafa débordent de fauteuils en cuir italien, de sofas aux velours confortables ou de salles à manger en précieux acajou. Le magasin dépôt-vente de ce commerçant spécialisé dans le solde de meubles d'occasion n'a pas été prévu pour un tel volume. Mais depuis quelques mois, Gaza se vide de ses élites. Etranglés par le blocus international, épuisés par le siège israélien, effrayés par la violence intrapalestinienne, les hommes d'affaires, les intellectuels, les cadres de la société civile cherchent désormais un salut dans l'exil.

En l'absence d'étude, ce phénomène est difficilement quantifiable. Il ne reste pas moins bien réel. Un rapide tour de répertoire sur son téléphone mobile révèle l'ampleur de l'exode. Ce responsable d'une organisation de défense des droits de l'homme n'est pas revenu d'une conférence donnée à Genève, il y a déjà trois mois. Un directeur d'agence télévisée traîne au Caire depuis longtemps quand cet officier d'un service de sécurité intérieure répond depuis le fin fond d'une forêt canadienne. Certains attendent une accalmie, espèrent une solution politique qui leur permettrait de rentrer. D'autres ont franchi le pas et cédé leur mobilier aux bons soins de Mahmoud Chourafa.

Acteur. Même son de cloche aux tables du café Délice, salon de thé du centre-ville où s'agglomère, pour d'interminables discussions, la jeunesse francophone de Gaza. Au menu, entre croissants et expressos, les nouve