Le Guide suprême de la Révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a bien résumé l'enjeu la semaine dernière : «Le Liban sera le lieu de la défaite des Etats-Unis et du régime sioniste.» Le Liban a toujours été la caisse de résonance des soubresauts du Moyen-Orient. Et c'est pour cela que tout ce qui s'y passe prend autant d'importance, au-delà du byzantinisme de sa classe politique et de ses règlements de comptes meurtriers.
Depuis la constitution d'un inattendu axe franco-américain, à l'été 2004, qui a abouti à l'adoption de la résolution 1559, le Liban est devenu le champ d'une gigantesque bataille entre deux visions du monde, correspondant à deux projets politiques et deux camps radicalement opposés. D'un côté, le camp «du 14 mars» (référence à la manifestation géante après la mort de Hariri), constitué de tous les partis antisyriens, à commencer par celui de Saad Hariri, l'héritier de Rafic Hariri, victime présumée du régime syrien. Les forces du 14 mars, qui contrôlent les deux tiers de l'Assemblée et le poste de Premier ministre, sont soutenues par Paris et Washington, qui voient, dans leur victoire électorale du printemps 2005, qui a suivi le retrait syrien du Liban, un triomphe de la démocratie. En face, la coalition prosyrienne, où toutes les confessions sont présentes, gravite dans l'orbite du Hezbollah. Le parti chiite, qui a grandi à l'ombre du double parrainage de l'Iran et de la Syrie, les deux principaux ennemis de Washington dans la région, est dev