L'assassinat d'une personnalité est toujours, au Liban, le moyen de faire passer des messages politiques. Les commanditaires des meurtriers de Pierre Gemayel ont assurément choisi leur moment. La coïncidence avec le vote de l'ONU sur la création d'un Tribunal international pour juger les assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri n'est pas fortuite, pas plus que le fait que ce nouveau crime intervient au lendemain du départ du gouvernement libanais de ses membres les plus favorables à Damas. Le message ? «Ne touchez pas à la Syrie»... Par un nouveau meurtre inacceptable, on veut ainsi empêcher que la justice internationale se mette en place, dans la foulée de la commission d'enquête onusienne qui avait conclu à l'implication de responsables syriens et d'éléments libanais prosyriens dans le meurtre de Rafic Hariri. Le fils de ce dernier, Saad Hariri, chef de file de la majorité antisyrienne, n'a d'ailleurs pas pris de gants pour accuser Damas d'être derrière le meurtre d'hier. Le message des tueurs va au-delà de cette affaire : il vise également les Etats-Unis, en pleine recherche de la porte de sortie du bourbier irakien, qui se demandent si la voie ne passe pas par... Damas. La reprise des relations diplomatiques entre la Syrie et l'Irak après vingt-six ans de rupture, constitue dans ce contexte un tournant spectaculaire. Alors, punir Damas pour les crimes du Liban, ou demander l'aide de la Syrie en Irak ? Faudra-t-il choisir entre la justice et la realpolitik, ent
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