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Libération

Bruguiere réveille la crise avec le Rwanda

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Mis en cause, le président Kagame dénonce les conclusions de l'enquête du juge français. Retour sur le dossier de l'attentat de 1994, point de départ du génocide.
publié le 23 novembre 2006 à 0h12

Le président rwandais Paul Kagame, accusé par le juge Bruguière d'avoir ordonné l'attentat contre l'avion de son prédécesseur ­ accompagné de son homologue burundais, d'un équipage français et de hauts responsables rwandais ­ le 6 avril 1994, à l'origine du génocide qui avait tué 800 000 Tutsis et opposants hutus, a réagi violemment hier soir sur France Culture : «Bruguière est un imposteur, un politicien. Ce n'est pas un juge. Si c'était un juge, il aurait dû soulever la question de l'implication de la France dans le génocide [...]. Il n'est jamais venu au Rwanda. Les choses vont certainement se dégrader entre la France et le Rwanda. Cela ne fait aucun doute.»

1 Pourquoi est-ce le juge Bruguière, et non l'ONU, qui a enquêté sur l'attentat du 6 avril 1994 ?

Il a fallu attendre quatre ans, et la plainte déposée par les familles de l'équipage français tué dans le crash du Falcon 50 du président Habyarimana, pour qu'une enquête soit ouverte en France sur l'attentat. Un événement qui, loin d'être anecdotique, a servi de déclencheur au génocide. Dans un premier temps, l'ONU avait discrètement enquêté sur cet événement, avant de renoncer. En 1997, un juriste australien mandaté par les Nations unies, Michael Hourigan, avait remis un rapport à la procureure du Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR), Louise Arbour, mettant en cause le Front patriotique rwandais (FPR), le mouvement de Paul Kagame. Ce document explosif, jugé sommaire par certains experts, n'en a pas moi