Ankara envoyés spéciaux
Les mesures de sécurité sont exceptionnelles «encore plus drastiques que pour Bush», assurent les autorités. Les ultranationalistes, comme les islamistes, sont d'ailleurs tout autant mobilisés contre «ce pape usé et ignorant» que conspuaient dimanche une grosse dizaine de milliers de manifestants à Istanbul. La visite de quatre jours en Turquie (pays laïque mais à 99 % musulman) de Benoît XVI s'annonce déjà comme une des plus difficiles des dernières années pour un souverain pontife. Au gouvernement, le réalisme diplomatique l'a certes finalement emporté : le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, issu du mouvement islamiste, s'entretiendra aujourd'hui une vingtaine de minutes avec le pape à l'aéroport d'Ankara, juste avant de partir pour le sommet de l'Otan à Riga. Le suspense aura pourtant duré jusqu'au dernier moment.
Irritation. A quelques mois des élections législatives, le leader de l'AKP (Parti de la justice et du développement) ne semblait guère disposé à apparaître sur les écrans de télévision aux côtés d'un pape dont les propos sur l'islam avaient suscité la colère du monde arabo-musulman (lire ci-dessous). L'hostilité affichée par l'ex-cardinal Joseph Ratzinger à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne incitait aussi les principaux poids lourds du gouvernement à bouder ostensiblement une visite qui, selon les sondages, irrite 75 % de la population. Mais, alors que les rapports avec Bruxelles sont déjà difficiles, l