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Libération
Éditorial

Bonnet vert

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publié le 29 novembre 2006 à 0h17

L'Amérique a son Al Gore, la France a son Nicolas Hulot. Le Robinson de la télé est devenu la mauvaise conscience écologique française. Il s'inscrit dans une tradition qui renvoie à Cousteau, inventeur du scaphandre autonome et du documentaire à la gloire de Jojo le mérou. Avec l'homme au bonnet rouge, on communiait dans le souvenir des découvertes de Bougainville et la nostalgie d'un espace qui échappe à l'homme, à l'automobile, à l'antenne hertzienne, au pouvoir qui rend fou. Hulot a pris le relais. Même recours à la télévision pour montrer la planète comme un paradis en train de se perdre, même fondation pour la défendre, même popularité mise au service d'un environnement de plus en plus menacé par une activité humaine hors contrôle. Mais même refus aussi de plonger en politique. Hulot, pour l'heure, s'arrête au seuil. Il implore qu'on le retienne de sauter le pas. Il a raison. Tomber dans la candidature, c'est perdre l'arme télévisuelle, donc consensuelle, de persuasion massive. Les écologistes se sont usés en querelles pour le pouvoir. Hulot a appris de leur échec qui les menace d'extinction à l'heure où les Français sont de plus en plus soucieux d'environnement. Plus il reste à l'extérieur, plus il peut attirer à lui de scientifiques et gagner en crédibilité auprès de l'opinion, plus il peut exercer de pressions sur le politique. Le résultat est là. Sarkozy et Fabius lui ont proposé un super ministère du développement durable et Bayrou et Buffet ont signé son Pacte pou