Fondé en 1958, le label Harmonia Mundi est aujourd'hui le premier producteur indépendant français de disques classiques et détient environ 15 % des parts du marché. Journaliste à Témoignage chrétien, après avoir été tenté par la vie monacale puis par le marxisme, Bernard Coutaz a débuté sa carrière de producteur de façon artisanale : un preneur de son, un organiste, un magnétophone et une camionnette qu'il trimballe dans toutes les églises d'Europe pour enregistrer des chefs-d'oeuvre de musique ancienne et baroque, alors absents des catalogues. Il s'occupe lui-même de la distribution des disques et met à profit un réseau de fans fédérés au sein du club Harmonia Mundi pour faire connaître ses produits. Après deux années difficiles, le label décolle et réalise des scores exceptionnels pour la musique classique. A 85 ans, Coutaz dirige toujours avec son épouse la firme basée à Arles, qui compte des filiales en Europe et aux Etats-Unis.
Que vous évoque la dernière opération d'Universal publiant des enregistrements publics exclusivement disponibles en téléchargement ?
Ça me laisse perplexe. En France, on réalise encore 95 % des ventes avec le support physique, 97 % en ce qui concerne le classique. L'emballement médiatique sur les questions de téléchargement est purement sensationnaliste : le CD n'est pas mort, il bande encore. Les majors ont certes levé le pied sur la production de nouveautés, parce que, dans leur logique capitalistique, elles veulent un retour sur investiss