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Libération

Les statistiques qui éreintent les clichés de Sarkozy

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Des chiffres du ministère de la Justice contestent la hausse de la délinquance juvénile et le laxisme des magistrats.
publié le 6 décembre 2006 à 0h23

Plus que jamais les jeunes ­ et plus particulièrement les mineurs ­ sont dans le collimateur de Sarkozy. Qu'il s'agisse de l'occupation des halls d'immeuble (six mois de prison) ou de la rébellion contre les forces de l'ordre (un an), son projet de loi voté hier à l'Assemblée alourdit les sanctions et modifie un texte pourtant emblématique de la justice des mineurs : l'ordonnance de 1945. «Nous sommes aujourd'hui confrontés à des actes gratuits, sauvages, tels que l'incendie du bus de Marseille», a dit, le 21 novembre, le ministre pour justifier le durcissement de la loi : «Si on excuse la violence, il faut hélas s'attendre à la barbarie.»

Egrener des faits divers pour servir son propos est une ficelle habituelle du ministre de l'Intérieur, qui, lors du début de l'examen du projet de loi, lançait aussi que «depuis dix ans, la délinquance des mineurs a augmenté de 80 %». Cette stigmatisation des jeunes qu'elle entraîne ne résiste pas à l'examen des chiffres de la justice, et au décalage avec ceux de la police. Dit autrement, une personne mise en cause par une procédure policière n'est pas forcément sanctionnée d'un point de vue judiciaire. Globalement, 9,8 % des infractions susceptibles d'être pénalement poursuivies (142 000 sur un total de 1 462 000) sont imputées à des mineurs. Alors que Sarkozy fait tout pour braquer les projecteurs sur cette part de la délinquance, celle-ci est donc l'oeuvre à 90 % de majeurs. Dans le détail, plusieurs chiffres issus d