Menu
Libération
Éditorial

Panier garni

Article réservé aux abonnés
publié le 6 décembre 2006 à 0h23

A l'approche des fêtes de fin d'année, l'UMP s'est bricolé un panier garni sécuritaire, pour passer l'hiver et tenir jusqu'à la présidentielle. Des mineurs délinquants aux gens du voyage, des malades mentaux aux pédopornographes, c'est presque tous les épouvantails supposés de l'opinion que la droite a déversés dans la dixième des lois de la législature relative à la sécurité publique. ça fait deux lois en moyenne par année. Le résultat, tout le monde peut le constater : qui prétendra que le sentiment de sécurité a progressé dans la France de Chirac, de Villepin ou de Sarkozy ? Le ministre de l'Intérieur semble avoir été sensible à cette contradiction entre les flonflons et la réalité. Il a préféré boycotter les débats parlementaires sur la nouvelle loi qui porte, une fois de plus, sa signature.

Une des conséquences inévitables, quoique peu remarquée, de l'inflation législatrice légèrement délirante de la droite, c'est de contribuer au discrédit de la loi elle-même. La meilleure preuve de l'impuissance de la législation, c'est l'UMP qui l'apporte, en nourrissant le réflexe démagogique qui reproche aux hommes politiques de parler sans agir. Ce genre d'aliment, qui creuse l'appétit qu'il est censé combler, ne risque pas de gêner Le Pen, comme le montrent les scores menaçants qu'attribuent les sondages à ce dernier. Et ce discours n'émeut guère les hommes de terrain : après cinq ans de forcing sécuritaire verbal, la droite s'est vue rabrouée aux dernières élections syndicales de