Les noces de la haute culture et du (très) grand public ont eu lieu, pour la France, en février 1967 avec une exposition restée légendaire, «Toutankhamon et son temps», organisée par l'égyptologue Christiane Desroche-Noblecourt au Petit Palais (au même moment, avec seulement 800 000 entrées contre 1 200 000, Picasso n'avait été qu'un lointain second de cette nouvelle ère de grandes expositions). Quarante ans plus tard, de telles manifestations se sont banalisées parce qu'elles se sont ubiquisées. Même si l'attrait des sujets égyptiens a survécu à cette usure, celle-ci oblige les organisateurs à de nouvelles prouesses de présentation. Les quarante ans qu'il aura fallu à un Parisien pour aller de Toutankhamon à Alexandrie ont aiguisé ses exigences, sinon ses connaissances.
Pour échapper à sa momification muséale, la culture est aujourd'hui tenue de s'offrir au risque du spectaculaire. Prenant appui sur un élément éminemment glamour la découverte d'un fabuleux trésor sous-marin les organisateurs de l'exposition du Grand Palais ont imaginé un ensemble à la fois attrayant et instructif. Les égyptologues tiqueront peut-être sur la sonorisation et les vidéos façon Thalassa. Mais ils devront reconnaître qu'elles sont mises au service d'une pédagogie loyale. Sa manière de se focaliser strictement sur la réalité découverte par les fouilles la retient même d'évoquer le formidable chaudron alexandrin dont les ruines découvertes ne constituaient qu'un avant-poste. Mais cette ma