Le sida reste une maladie bien réelle, mais dont une part fantasmatique provoque des attitudes aberrantes de la part de divers gouvernements. On l'a vu en Afrique du Sud, où la négation officielle a longtemps fait des dégats dans un des pays les plus atteints. Mais aussi en Chine, où le pouvoir communiste a tenté de mettre sous le tapis plusieurs dizaines de milliers de paysans pauvres contaminés qui avaient vendu leur sang. La Libye du colonel Muammar al-Kadhafi, qui a perdu de sa superbe messianique des débuts, en fait elle aussi la démonstration dans l'affaire dite des infirmières bulgares, et qu'on ferait mieux d'appeler l'affaire libyenne tout court. La condamnation à la peine de mort des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien emprisonnés depuis 1999 est un acte de cynisme révoltant quand on sait que la contamination des enfants libyens a commencé avant l'arrivée de l'équipe médicale étrangère. Un comble, de la part d'un régime qui a fait sauter un DC-10 plein de passagers et s'en est tiré à bon compte. Mais ne pas déclarer ces étrangers coupables d'avoir délibérément introduit le virus VIH serait reconnaître la faute des autorités libyennes dans la tragédie qui touche des centaines d'enfants. Et cela risquerait d'ouvrir la voie à la critique du pouvoir despotique du «guide» vieillissant de cette révolution vidée de tout sens. L'étranger constitue un bouc émissaire idéal pour ce mal diabolisé, même si cela doit remettre en cause la politique de rapprochemen
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