Autrefois, Le Pen faisait scandale avec des jeux de mots nauséabonds, genre «Durafour crématoire». Aujourd'hui, il envoie sa femme rire aux bonnes blagues de Dieudonné. Vous connaissez celle de Toto qui nie «l'existence des chambres à air» ?... La justice ne trouvera pas à redire à ces plaisanteries conniventes où chacun satisfait ses obsessions sans risque. Avec l'âge, Le Pen a l'antisémitisme prudent. Fini la provocation ; de l'allusion, en quantité suffisante pour agréger autour de lui anciens et nouveaux amis qui partagent avec lui la même monomanie du complot judéo-sioniste. Derrière le ripolinage de façade entrepris par Marine Le Pen, les fondamentaux d'extrême droite demeurent. Le Pen n'en a pas encore fini avec sa quête éternelle de respectabilité. Mais, fatigué de courir après depuis plus d'un demi-siècle, il a peu à peu légué le fardeau à sa descendance. Sa benjamine a repris le gros de l'affaire et a mieux réussi que lui. Elle évite à son père les dérapages contre-productifs, elle modernise et féminise sa communication, elle est moins catho tradi sur l'avortement et songe même à se rendre en Israël, c'est dire la mue ! Les sondages semblent lui donner raison qui voient davantage de Français d'accord avec le président du FN. Mais est-ce parce qu'ils se sont ralliés à ses idées ou parce qu'il a caché sous la moquette ses provocations ? La respectabilisation peut élargir l'audience de Le Pen, mais aussi la rétrécir. Plus il s'embourgeoise, moins il est le cand
Éditorial
Embourgeoisé
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publié le 20 décembre 2006 à 0h34
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