Addis-Abeba de notre correspondante
A Little Mogadiscio, enclave peuplée de Somaliens au coeur d'Addis-Abeba, la question de l'intervention éthiopienne en Somalie crée un malaise certain. «On n'en pense rien, on n'a pas envie d'en parler», grogne un commerçant. Ceux qui osent la critiquer ne donnent pas leur nom. «Je ne pense pas que l'Ethiopie pourra apporter la paix en Somalie, les deux pays se sont déjà affrontés, il y a trop de rivalités.»
L'animosité entre les deux pays ne date pas d'hier. Dans les années 70, les Somaliens avaient envahi l'Ogaden, région est de l'Ethiopie, s'attirant une réponse musclée du camarade Mengistu, le dictateur de l'époque, soutenu par le bloc soviétique. En 1996, l'Ethiopie est intervenue en Somalie contre des bases islamistes. A l'époque, les islamistes entraînaient des groupes séparatistes éthiopiens, et l'ombre d'Al-Qaeda planait déjà dans la région. L'Erythrée, entrée en conflit en 1998 avec l'Ethiopie, avait encouragé ces activités.
Une décennie plus tard, ce sont des griefs similaires qui justifient l'intervention directe de l'Ethiopie contre les Tribunaux islamiques somaliens. Le gouvernement d'Addis-Abeba dénonce un front d'Asmara (Erythrée) à Mogadiscio, une infiltration massive de dissidents éthiopiens à partir du territoire somalien avec l'appui des Tribunaux, et l'afflux de terroristes internationaux. Les Etats-Unis, dont l'Ethiopie est l'alliée principale dans la corne de l'Afrique, affirment que des responsables d