Don Quichotte combattait les moulins à vent ; ses «enfants» luttent contre les promesses creuses. Le parallèle s'arrête là. Au-delà du nom bien choisi, les initiateurs de la mobilisation des tentes du canal Saint-Martin utilisent des armes très contemporaines pour mener un combat ancien contre l'injustice. La médiatisation à laquelle ils ont recours est à double tranchant. Elle a atteint un premier objectif : en braquant un coup de projecteur cru et froid sur le monde brutal des SDF, ils ont forcé chacun d'entre nous à regarder la réalité en face. En agissant à la fin de l'année dans un quartier en passe de devenir le coeur du «boboland» parisien, ils ont touché efficacement la mauvaise conscience des nantis relatifs à l'heure du consumérisme triomphant de Noël, et ont interpellé les politiques au moment où ceux-ci s'apprêtaient à disparaître le temps des fêtes, pour mieux replonger dans la campagne électorale sitôt la trêve achevée. L'impact du village de tentes et du geste symboliquement fort des «avec logis» qui sont venus y passer une nuit glaciale ou deux a dépassé l'espoir initial des Enfants de Don Quichotte. Un succès qui, paradoxalement, place les organisateurs devant une responsabilité nouvelle. Ces agitateurs d'idées ne sont pas structurés comme une association ou un parti, et n'avaient guère anticipé le «coup d'après». Comment éviter que le capital de sympathie et de prise de conscience ne s'évapore une fois la médiatisation retombée ? Comment éviter les dérapage
Éditorial
Le coup d'après
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par Pierre Haski
publié le 27 décembre 2006 à 0h39
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