L'euro, coupable ou bouc émissaire ? La dégradation de la popularité de la monnaie européenne parmi les citoyens qui en sont les premiers utilisateurs allume un clignotant d'alerte de plus sur le tableau de bord de l'Union européenne. S'il ne s'agissait que de la France, on pourrait se contenter d'y voir une suite logique du référendum du 29 mai 2005, avec une légère majorité hostile, et une sociologie équivalente à celle du vote : les couches populaires pour le «non», les cadres pour le «oui»... Mais la défiance croissante est similaire en Allemagne et en Italie, deux pays qui n'ont pas été traversés par nos débats très français, et l'hostilité à l'euro n'a guère faibli chez nos voisins britanniques, qui estiment s'en sortir bien mieux avec leurs billets à l'effigie de la reine. On pourrait argumenter à l'infini sur la responsabilité de l'euro dans la hausse des prix, réelle ou ressentie, ou encore sur les avantages d'un euro devenu fort. Mais, surtout, l'euro pâtit de ce qu'il n'a pas été, c'est-à-dire une «puissance fédératrice très grande» à l'échelle européenne, pour reprendre la formule de l'ex-ministre socialiste des Affaires étrangères, Hubert Védrine. L'euro est certes un beau succès technique, qui facilite les échanges et le sentiment d'appartenance à un espace commun, et à ce titre ne mérite pas d'être brûlé, mais il n'a pas eu cet effet de levier sur l'intégration que lui attribuaient ses pères fondateurs. Et, au moment où le projet européen est en panne s
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par Pierre Haski
publié le 28 décembre 2006 à 0h40
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