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Libération
Interview

Deux economistes decortiquent l'effet de l'euro sur le quotidien

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De plus en plus eurosceptiques, les Européens associent leur monnaie commune à l'inflation jugée excessive.
publié le 28 décembre 2006 à 0h40

Charles Wyplosz Professeur d'économie à Genève

«L'euro et l'Europe sont des boucs émissaires rêvés»

Charles Wyplosz est professeur d'économie à l'Institut de hautes études internationales de Genève et directeur du Centre international d'études monétaires et bancaires.

Y a-t-il un désamour des citoyens européens vis-à-vis de l'euro ?

Les statistiques européennes montrent que l'attachement a reculé. Mais l'euro comme l'Europe sont des boucs émissaires rêvés pour dissimuler d'autres difficultés, comme le montrent les sorties des politiques français sur la Banque centrale européenne (BCE)... Quand l'économie va bien, c'est grâce aux politiques. Quand elle va mal, c'est la faute à l'Europe.

L'Europe s'enferme donc dans une crise existentielle ?

Avec les élargissements, elle s'est éloignée des Européens. Paradoxalement, elle n'a jamais été aussi réelle. Trente ans plus tôt, l'Europe, c'était un dessein collectif, un idéal générationnel. Aujourd'hui, cet idéal-là s'est dissous dans la réalité quotidienne...

Mais les gouvernements ont vendu, à tort, le passage à l'euro comme un pas vers une Europe politique et sociale...

Il y a eu tromperie sur la marchandise, mensonge avec un grand M. Les gouvernements ont laissé croire que cela allait résoudre tous les problèmes. L'euro a bien fait ce pour quoi il était fait : mettre fin à l'instabilité monétaire liée au flottement des taux de change. Juguler le spectre de l'inflation. Servir de bouclier. L'Italie le sait bien : sans l'euro, la lire, sous