Berlin intérim
Il y a cinq ans, lors de l'introduction de l'euro, les Allemands oubliaient presque les pétards de la Saint-Sylvestre pour se ruer sur les distributeurs. Mais malgré cette curiosité, l'abandon du bon vieux deutsche mark, symbole du miracle économique d'après-guerre, constituait un douloureux sacrifice.
«Teuro». En dépit d'un taux de conversion simplissime (un euro = deux deutsche mark) qui a fait disparaître très vite le double étiquetage, six Allemands sur dix regrettent toujours leur ancienne monnaie. L'euro est pour eux synonyme de hausses des prix. Le mot de l'année 2002 était d'ailleurs «teuro», un jeu de mot entre «teuer» («cher») et euro. Les experts ont eu beau marteler depuis que la monnaie unique n'a pas alimenté l'inflation, rien n'y fait : pour les Allemands, l'euro c'est la vie chère.
Une fois encore, l'Allemagne est coupée en deux. Pas entre l'Est et l'Ouest, mais entre le peuple et les élites qui, elles, soutiennent à fond la monnaie unique. Le patron de la Bundesbank, Axel Weber, parle ainsi « d'un succès, d'une monnaie stable qui profité au commerce en Europe et aux marchés financiers».
Pourtant, ses envolées actuelles pourraient a priori constituer un handicap pour une nation exportatrice comme l'Allemagne. Or, il n'en est rien. Le pays continue de battre des records au sein de la zone euro où se vendent majoritairement ses produits. « Des pays comme l'Italie ne peuvent plus dévaluer leur monnaie pour renchérir les import