Jowhar envoyée spéciale
«Juste avant l'aube, vers 5 heures, on a entendu des tirs d'artillerie, de mortiers et des mouvements aériens. Mais ici, ils sont venus dans le calme, à 10 heures, tout était fini», raconte Yusuf, un habitant de Jowhar rencontré il y a quelques jours sur place et joint hier au téléphone, peu après la prise de cette ville située à 90 km au nord de la capitale somalienne, Mogadiscio. La nuit précédente, les autorités islamistes avaient plié bagage et déserté la résidence du gouvernorat.
Main de fer. Jowhar a été «reconquise» en quelques heures par les forces éthiopiennes et les milices somaliennes de Mohamed Dheere. Ce seigneur de guerre sous Siyad Barré (l'ancien président déposé en 1991) a été gouverneur de la ville, avant d'en être chassé par les Tribunaux islamiques en juin 2006.
Dans un discours tenu sur une place du centre-ville, à peine une heure après son arrivée, Mohamed Dheere a promis que «tout le monde [serait] pardonné, y compris ceux qui ont travaillé et collaboré avec les islamistes». Les habitants sont sortis en masse pour célébrer les libérateurs. «Nous allons à nouveau pouvoir nous exprimer, danser, écouter de la musique, mâcher librement du qat [plante euphorisante très consommée en Somalie, ndlr] sans risquer de nous faire jeter en prison ou même exécuter», exulte Yusuf.
Mais le retour de Dheere rappelle aussi à certains des heures sombres. Cet ancien membre du Parlement a tenu la région d'une main de fer pen