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Libération
Éditorial

Unilatéral

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publié le 29 décembre 2006 à 0h40

Ce fut une guerre éclair. En moins d'une semaine, l'armée éthiopienne, bien plus aguerrie et équipée que les Tribunaux islamiques somaliens, a logiquement mis ces derniers en déroute. Fin du premier épisode, mais ce n'est pas la fin de l'histoire. Les islamistes de Mogadiscio n'étaient pas particulièrement sympathiques : ils maniaient allégrement le fouet pour mettre au pas les brouteurs de qat, une herbe euphorisante fort répandue, et autres signes d'indiscipline populaire. Les Tribunaux islamiques étaient également soupçonnés d'entretenir des liens avec la mouvance Al-Qaeda, qui a d'ailleurs appelé ces derniers jours à les soutenir face à l'envahisseur «chrétien». Pour autant, la manière dont l'Ethiopie est intervenue chez son voisin et rival constitue un signe de plus du dérèglement de la gouvernance mondiale. Alors que les Nations unies avaient approuvé début décembre l'envoi en Somalie d'une force de paix sous mandat de l'Union africaine, l'Ethiopie est intervenue de son propre chef, au nom d'un fantomatique gouvernement somalien. Le tout avec les encouragements discrets des Etats-Unis, inquiets de voir ces «talibans» africains pactiser avec les amis de Ben Laden. On pouvait croire les Américains vaccinés contre l'unilatéralisme, qui leur coûte cher en Irak, et résignés au jeu diplomatique collectif : sans doute ont-ils pensé qu'en s'abritant derrière l'armée éthiopienne on en resterait à une affaire entre Africains qui passerait sans faire trop de vagues. Le succès mil