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Libération
Interview

«Comme en pub, l'idée doit faire vendre»

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publié le 30 décembre 2006 à 0h41
(mis à jour le 30 décembre 2006 à 0h41)

Bernard Edelman, avocat et philosophe, est notamment l'auteur de l'Art en conflits (avec Nathalie Heinich, La Découverte) et de l'Adieu aux Arts, 1926 : l'affaire Brancusi (Aubier). Il rédige actuellement un ouvrage intitulé l'Esthétique des droits de l'homme, qui explore les relations entre art contemporain et idéologie des droits de l'homme. Il prépare le pourvoi en cassation dans l'affaire de la Nouvelle Eve opposant Jakob Gautel et Bettina Rheims.

Depuis quand l'art moderne fréquente-t-il les tribunaux ?

Aux Etats-Unis, l'Oiseau dans l'espace de Brancusi avait suscité un débat juridique dès 1926, parce que les douanes avaient voulu taxer l'objet au prix du métal. En France, personne n'a nié, par exemple, que l'emballage du Pont-Neuf par Christo était une oeuvre d'art protégeable par le droit d'auteur. Chez nous, le problème de l'art conceptuel s'est posé pour la première fois après la première attaque de Pierre Pinoncelli sur l'urinoir de Duchamp, en 1993.

Pour le juriste, l'art conceptuel est-ce encore de l'art ?

En droit, pour être protégée, une oeuvre doit remplir trois conditions : d'abord être une création. Depuis la fin du XVIIIe, on considère que l'auteur est un créateur unique, inventeur de ses propres formes, inventeur de lui-même. A cette aune-là, je ne peux pas m'emparer d'une boîte de soupe Campbell ou d'un urinoir pour dire que je crée. Sinon, cela signifie que l'industrie crée des objets d'art. Deuxième condition pour le juris