L'homme a seulement dit qu'il les voulait jeunes, motivés et sans chien. Il est passé en coup de vent, «il y a quatre, cinq jours», se souvient Jean-Baptiste Legrand, des Enfants de Don Quichotte. Le temps de lui dire : «Je cherche 15 mecs. Je viens les prendre en bus, je les emmène à Nantes pour une formation et je leur offre un CDI.» 15 mal-logés du canal Saint-Martin feront le voyage dès qu'ils auront terminé leur combat. Ahmed, 27 ans, en sera : «C'est pour de la vente, et j'ai toujours voulu passer mon BEP de vendeur», se réjouit-il.
Il n'est pas le seul à avoir trouvé une formation ou du boulot au bord du quai. Fred, cuisinier de formation, a recommencé à mijoter du veau bourguignon et des truites aux fruits confits le 31 décembre. Son nouveau patron avait repéré sa petite annonce pincée sur sa toile de tente quelques jours plus tôt. Il l'a embauché dans son restaurant à Paris et lui a trouvé un petit logement. Depuis, il a fait savoir qu'une de ses relations embauchait des plombiers. Miloud, encore sous une des tentes, a déposé son CV.
Dans quinze jours, Pascal, 52 ans, peintre en bâtiment, va entamer un chantier dans un appart, 150 m2 dans les beaux quartiers. Son futur employeur a vu sa photo dans Libé (du 2 janvier). Le jour même, ils sont allés boire un café. Si l'enduit et les deux couches de peinture lui conviennent, «il me lance sur d'autres chantiers», raconte Pascal. «Il m'a dit que lui aussi était dans la rue avant et que