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Libération
Éditorial

La maladie du pouvoir

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publié le 5 janvier 2007 à 5h18

Les fins de règne ne sont jamais heureuses. Pendant ses dernières semaines à l'Elysée, Pompidou dut affronter la mort, Mitterrand résista à la maladie, et Chirac lutte depuis des mois pour ne pas être enterré vivant par Sarkozy. Son ministre de l'Intérieur, qui va partout répétant la «rupture, la rupture», l'a condamné au méchant rôle de sans-bilan, le privant ainsi de titre d'accession pour le firmament de l'Histoire. Après douze ans de mandat, le vieux Président rêvait meilleur sortie. Alors, il se bat. Ce piètre destin qu'on lui sert n'a fait que décupler son envie d'en remontrer à l'homme qui l'a trahi en 1995 et prétend, douze ans après, lui succéder en l'humiliant. Plus Sarkozy le dépeint en homme du passé, moins il est passif ; plus Sarkozy veut rompre, plus il préempte l'avenir ; plus Sarkozy veut effacer son bilan, plus il balise le futur. On n'échappe pas si facilement à Chirac. S'il accédait à l'Elysée, le ministre de l'Intérieur aurait encore à répondre des promesses de son prédécesseur. Car celui qui a toujours promis et jamais beaucoup tenu en est maintenant à promettre pour quand il ne sera plus au pouvoir. A recommander la baisse en cinq ans de l'impôt sur les sociétés, alors que celle de 30 %, promise en 2002 sur l'impôt sur le revenu, n'est pas là. Cela s'appelle pousser le vice à son comble. C'est la faiblesse du personnage. Chirac, en bâtisseur d'avenir, n'est plus crédible. L'arme de sa candidature, qui, seule, donnerait sens à ses paraboles à l'u