«C'est pire qu'un crime, c'est une faute»... La célèbre phrase attribuée à Fouché, ministre de la Police de Napoléon, prononcée après l'assassinat du duc d'Enghien en 1804, s'applique parfaitement aux exécutions des anciens dirigeants irakiens. Au traitement dégradant réservé à Saddam Hussein a succédé la décapitation révulsante de son demi-frère, Barzan al-Tikriti. L'actuel pouvoir de Bagdad et derrière lui l'administration Bush même si elle essaye de prendre ses distances avec la manière dont se sont déroulées les pendaisons a réussi le tour de force de transformer une chance inespérée de justice en un rituel de vengeance macabre d'un autre âge. Au passage, les bourreaux d'hier sont devenus les martyrs d'aujourd'hui aux yeux d'une partie du monde arabe : un comble au vu des crimes commis à l'époque de Saddam Hussein ; une ironie cruelle pour ceux qui ont renversé le dictateur au nom de la démocratie et d'un Etat de droit devenus aussi mythiques qu'improbables. Une «faute» qui va se payer au prix fort dans les semaines qui viennent, en victimes civiles, en épuration ethnique, en haine accumulée. La coïncidence est frappante entre cette justice expéditive et l'obstination de George Bush à envoyer plus de troupes dans le piège irakien. Son propre chef d'état-major reconnaissait hier qu'il n'y avait «aucune garantie» de succès du plan de sécurisation de Bagdad, un euphémisme de la part d'un général expérimenté, soumis au diktat de politiques engagés dans une
Éditorial
Vengeance
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par Pierre Haski
publié le 16 janvier 2007 à 5h28
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