Entre l'automne des banlieues et le printemps du CPE, la jeunesse française s'est placée en tête de tous ses semblables de tous les pays, dans la catégorie expression d'un malaise social. L'approche «purement comptable», comme on dit, de cet état de fait est sans doute loin d'en épuiser les mystères ou les menaces. Elle n'en est pas moins utile dans la mesure où elle permet de pointer un radinisme de notre pays à l'égard de ses citoyens les plus jeunes. Ainsi faut-il admettre que, si les étudiants sont, comparativement aux autres jeunes, des privilégiés, beaucoup sont des privilégiés singulièrement fauchés. Et que, de façon plus vicieuse, cette impécuniosité est l'un des mécanismes par lesquels la reproduction des inégalités sociales se fait à l'âge de l'entrée dans la vie.
Les étudiants français se sont montrés au fil des ans extrêmement réactifs sur beaucoup de sujets concernant l'organisation des études, rarement sur leur situation matérielle immédiate. La mobilisation contre le projet villepéniste de CPE a permis de faire la jonction entre les deux types de préoccupations. Le refus de la dévaluation à venir du diplôme s'exacerbait du constat d'une fréquente et peu romantique quasi-misère étudiante. Du coup, la plupart des candidats à la prochaine présidentielle ont prévu quelques mesures qui, parfois séduisantes en surface, sont loin de répondre à la gravité du problème. Par exemple, une allocation universelle, qui s'ajouterait aux économies d'impôts procurées par le coef