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Libération
Éditorial

Vérité

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publié le 19 janvier 2007 à 5h33

Au dernier jour du bilan de Jacques Chirac, il restera à son actif d'avoir permis aux Français de regarder leur passé en face. Ce n'est pas rien. Le rôle d'un chef d'Etat n'est pas d'écrire l'Histoire, mais bien d'aider son peuple à l'assumer dans sa vérité. Premier président de la Ve République à reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans la déportation de 75 000 Juifs en 1995, son discours a tourné la page d'une mythologie gaulliste pernicieuse. Pour réconcilier résistants et collabos, mettre fin à la guerre civile intérieure et permettre au pays de retrouver son rang international, de Gaulle avait réussi à convaincre les Français de se vivre en vainqueurs quand, au fond de lui, il les voyait comme des veaux. Le mythe a pris corps qui, avec le temps, a fait oublier les lâchetés d'une période honteuse où la police française et l'administration de Vichy firent du zèle pour aider l'envahisseur nazi à déporter des Juifs. Il a fallu les travaux d'historiens américains pour que le voile commence à se déchirer. Pour avoir été nourris au culte du héros, perpétué par un Mitterrand compromis avec Vichy, les Français tombèrent de haut. La repentance alors a grandi et s'est imposée. Ajoutée aux hourvaris des déclinologues, elle a contribué ces dernières années à noircir la psyché d'une nation devenue craintive sous les coups de la mondialisation. Mais la repentance commence aujourd'hui à s'estomper pour laisser place à cette «lumière» que diffusent les Justes. 2 700 héros o