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Libération
Éditorial

Passe-passe

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publié le 24 janvier 2007 à 5h38

Il y a bien deux Sarkozy en campagne. Celui qui cite Blum et Jaurès, et espère que la simple évocation de ces grands hommes suffira à lui rallier une part de la gauche. Et celui qui, pour satisfaire le Medef, vide l'impôt de solidarité sur la fortune de sa substance, en pensant que les gens n'y verront que du feu. Ne rien dire pour que personne n'y trouve à redire... Pour quelqu'un qui prétend dire ce qu'il fait et faire ce qu'il dit, la méthode, à coup sûr, pose problème. Car le ministre de l'Intérieur peut se rêver en Mendès France, il agit comme Chirac, le plus versatile des présidents. Il a beaucoup appris, d'ailleurs, de l'actuel chef d'Etat qui, en matière de promesses fiscales, n'y était pas allé avec le dos de la cuillère. En 2002, il avait promis une baisse de l'impôt sur le revenu de 30 % en cinq ans. Au mieux, elle atteindra à peine 20 %. Sarkozy se met dans sa foulée et promet de rendre 68 milliards d'euros aux Français, soit «2 000 euros par foyer et par an», en tablant sur des économies... On le croirait volontiers si son parler vrai était inattaquable. Mais, en l'espèce, il ressort moins du jeu de la vérité que du jeu sur les mots. Car, si Sarkozy feint de maintenir l'ISF, il réduit le nombre d'assujettis à peau de chagrin. L'idée est que cet impôt demeure, mais ne serve plus à rien. La gauche garderait ainsi son totem, et la droite son tabou et sa fortune. Cela s'appelle un tour de passe-passe. C'est la limite du sarkozysme que de prétendre ainsi faire