Il faut toujours apprendre de ses adversaires. Nicolas Sarkozy aurait tort de ne pas écouter les socialistes qui ont réclamé, hier, sa démission de la Place Beauvau. C'est le meilleur conseil qu'ils pouvaient lui donner. Car, pour qui entend convaincre qu'élu président il installerait une République «irréprochable», il n'est pas malin de laisser s'installer le soupçon permanent sur son action. Soupçon sur l'utilisation des Renseignements généraux, quand ces policiers, accusés à chaque élection de basses besognes politiques, admettent avoir rédigé une fiche sur un proche de Ségolène Royal. Soupçon sur l'utilisation des deniers publics, quand le ministre Sarkozy se rend au même endroit que le candidat de l'UMP et se fait photographier avec les élus du coin, membres de son comité de soutien.
Plus ses soupçons d'arrangements avec l'impartialité de l'Etat prendront corps, moins Nicolas Sarkozy convaincra qu'il prône une République «irréprochable». Plus sera établie l'idée qu'il est, non dans la rupture, mais dans la continuité avec Jacques Chirac. Ce président que la Justice a, à plusieurs reprises, souhaité entendre dans des affaires politico-financières.
Pour couper court aux polémiques et montrer qu'il n'entend pas utiliser les moyens de l'Etat à des fins partisanes, Sarkozy n'a d'autre choix que de quitter ses fonctions. Il était revenu à l'Intérieur pour se «protéger» des manoeuvres des officines derrière lesquelles il croyait voir la main des chiraquiens,