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Libération
Éditorial

Meilleur ennemi

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publié le 30 janvier 2007 à 5h45

On pourrait imaginer des causes plus populaires que le contrôle de la provenance des diamants. Tout le monde a certes dans un coin de mémoire la voix de Marylin Monroe chantant Diamonds Are a Girl's Best Friend, mais, au-delà, seule une infime minorité a les moyens de se payer des carats au prix fort. Mais si on prend le problème par l'autre bout, celui des pays producteurs de diamants, la problématique est radicalement inversée, on passe sans transition du rêve au cauchemar. Les diamants sèment derrière eux la violence et la mort : pas tous, certes, mais suffisamment pour que certaines des guerres civiles les plus meurtrières d'Afrique, en Angola et en Sierra Leone, avec leurs cortèges de mutilations et d'enfants-soldats, aient été financées, et prolongées, par ce juteux commerce illicite. Si l'on remonte plus loin, les ressources en diamants de l'Afrique du Sud ont été l'un des piliers de l'économie de l'apartheid, même si la dynastie Oppenheimer qui les a exploitées était plutôt d'obédience libérale... Les diamants font partie de ces cadeaux empoisonnés de la nature, qui rendent les hommes fous et les poussent à s'étriper. Sur un blog africain, un spectateur du film relève tristement cette repartie d'un des acteurs noirs : «Je comprends que les Blancs viennent ici pour notre diamant, mais nous, pourquoi nous entre-tuer ?» A défaut de pouvoir répondre à cette question, il ne restait plus que deux hypothèses : interdire totalement le commerce du diamant, une «