Il n'est pas sûr que la campagne électorale fasse un tabac, mais il est certain qu'elle va se faire sans tabac. Qui eut dit que, en pleine présidentielle, un gouvernement oserait mettre les fumeurs à la rue ? La décision est hardie et va grossir l'ouvrage de Nicolas Sarkozy. Policiers et gendarmes vont pouvoir s'en donner à coeur joie, habilités à verbaliser désormais ceux qui contreviennent à leur santé. On comprend que le ministre veuille rester à l'Intérieur pour élargir le champ de la répression sécuritaire. Cela servira-t-il son dessein anti-Royal ? On notera que, comme par hasard, la candidate socialiste porte le nom d'une marque de cigarette. Et que l'américanisation de la société française s'accélère alors que le favori de l'élection est connu pour son tropisme proaméricain. D'aucuns verront donc dans le bannissement des fumeurs des lieux publics un coup de main à Sarkozy, mais cela peut être aussi bien un coup de pied de l'âne. Villepin, son meilleur ennemi, laisse planer le doute, qui érige la réforme en «modèle à suivre».«On ne change pas les règles de vie en commun sans un minimum de consensus. On ne fait pas évoluer un pays sans le double souci du dialogue et de la défense de l'intérêt général», a professé, hier, l'homme du CPE, empêtré l'an dernier dans un entêtement certain. La santé publique a du bon, qui guérit même le Premier ministre de ses défauts. Mais les ados ne sont pas dupes, qui pestent dans les cours de récré où la clope tient encore
Éditorial
Américanisation
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publié le 31 janvier 2007 à 5h46
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